Elle se tenait là, dans cet endroit éternellement sombre et lugubre. Le vent soufflait faiblement, faisant ondoyer les crins de la grise qui était immobile. Les naseaux dilatés, elle écoutait. Elle observait les aurores boréales, parfaitement calme.

La petite bicolore découvrait ses nouveaux environs, étourdie par l'obscurité oppressante qui régnait dans l'arène. Se frayant lentement un chemin entre les arbres, avançant à tâtons, ses naseaux lui servant de guide, Allie s'extirpa du bois, s'immobilisa lorsque son regard rencontrant les aurores qui dansaient dans le ciel. Devant elle, une grande silhouette se tenait droite comme un i, admirant elle aussi le spectacle. Demeurant en retrait, silencieuse, la pie esquissa un sourire. Gaïa faisait vraiment bien les choses.

Danzel se posait quelques questions, parfois. Il lui arrivait de louer les prodiges de la nature. Elle avait beaucoup d'imagination, mais ne l'utilisait pas n'importe comment. Souvent, c'était pour ses propres intérêts. Elle sentit bientôt une présence dans son dos, mais ne voulut pas décrocher ses yeux obscurs de ce spectacles aux couleurs grisantes. De toute façon, ça ne devait pas en valoir la peine.

A défaut d'être en colère, car elle avait peur de ne pas savoir comment faire, Allie serait bien attristée si l'on la dérangeait pendant qu'elle contemplait la beauté que lui offrait Gaïa. Alors, elle se mit à la place de la belle et grande grise, et choisit de ne pas la déranger, avançant de quelques pas pour simplement se ranger à ses cotés, son regard ambré se portant à son tour sur le ciel, ses lèvres s'entrouvrant pour laisser s'échapper un soupir d'admiration.

La grande grise était livide, figée telle une statue de marbre dans la glace. Ses grands yeux obscurs ne semblaient pas avoir de fond, et ce n'est que quand le spectacle fut terminée qu'elle daigna bouger enfin. Elle sentit une tension dans ses membres et renâcla bruyamment. Elle semblait revenir à la vie, seulement, il n'y avait rien qui battait entre ses côtes. Elle lança un regard assassin à la jument qui lui tenait compagnie. Sans raison apparente.