Les chutes ancestrales, sûrement le plus bel endroit où Anastasia aimait venir se reposer. Voilà maintenant deux heures environs que le soleil s'était couché sur les terres de horüna slavdia, et le sommet de ces chutes faisait parti des rares endroits où l'on pouvait observer les étoiles, et surtout se sentir seul au monde. Et c'était bien quelque chose qu'elle aimait beaucoup : être à l'écart du monde, du moins pas tout le temps, mais au moins quelques heures le temps de se ressourcer.
La jument argentée s'était reposé une grande partie de la journée histoire de profiter de cette nuit qui s'annonçait belle, et grimpait à cette instant une petite pente caillouteuse pour atteindre le sommet. Longeant la paroi rocheuse des falaises, un mince sourire se creusa dans le creux gauche de ses lèvres cendrées, lorsque ses yeux vairons profitèrent du paysage.

Ses muscles roulant sous sa peau, la grise s'était exercée toute la journée à courir de plus en plus longtemps. Elle adorait sentir ses poumons exploser, cette sensation d'étouffement si singulière, qui n'en était pas une. Elle s'abreuvait à la rivière qui partait du haut de la cascade, plutôt en aval vis-à-vis de la blanche.

Il aurait certainement fallut bien plus pour effrayer Danzel qui s'abreuvait encore. Elle finit par redresser son visage, un mince filet d'eau gouttant de son menton. Elle entendit les bruits de pas feutrés de la blanche et lui lança un regard glaçant sur place. Ses yeux brillaient d'une lueur farouche et imprévisible.

Suite à son regard de sauvageonne, la douce dame préféra s'arrêter lentement, restant donc à une distance respectable. Elle hocha la tête pour la saluer de sa place, l'observant alors discrètement.
Bonsoir, je vous dérange, peut-être ?
Demanda-t-elle à tout hasard, ne voulant pas être un fardeau si cette inconnue souhaitait rester seule.

Les naseaux dilatés, Danzel respirait profondément. Elle ignora la première phrase de la blanche. « Qui es-tu ? » Demanda-t-elle soudainement en l'observant. Elle ne paraissait pas folle, mais extrêmement bizarre. En effet la grise avait quelque chose de vraiment unique et de particulier : elle était si imprévisible et impossible à cerner que cela perdait beaucoup de monde. Elle avait une aura à la fois noire et blanche. Elle était tout et rien à la fois.