THIS COLD IS FREEZING ME, THIS CAN'T BE DEATH

YOUR DEATH IS ME

Le vent froid de cet automne glacé souffla entre ses oreilles de jais. Un corbeau passa en trombe au dessus d'elle, elle le vit et entendit son croassement distinctif des autres oiseaux comme si c'était un de ses congénères. Dans un sens, Kheïl faisait aussi partie de ces êtres de la nuit, qui volent tels des ombres inexpliquées. Qui tuent froidement sans laisser de trace.

Ce bois qu'on appelait Tenebria ne lui faisait absolument pas peur. Contrairement à ses semblables du même age, elle n'était pas trouillarde de tout et n'importe quoi, et encore moins des vieilles légendes fausses. Elle leva les yeux vers les cimes des arbres géants enveloppés dans leur brouillard grisâtre. La brise glacée se glissa entre ses crins, déposant à ses oreilles des murmures morts comme de doux baisers.

Il semblait bien qu'il faisait toujours nuit ici. Herthéros était loin d'en avoir peur, au contraire. Ce côté étrange et mystique le fascinaient d'un certain côté. Le grand Frison marchait à même le sol, l'humidité de celui-ci absorbant le bruit que pouvaient produire ses pas. Il écoutait la nature et ce qu'elle avait à lui dire. Il songeait souvent, ces temps-ci, se demandant si il aurait conduit le troupeau de son frère ici, si il l'avait pu. En effet, son peuple n'était plus, selon les dires de l'ancien lieutenant des troupes qu'il avait croisé en venant ici. Cela était bien malheureux, et l'ébène mettra du temps avant de faire le deuil de sa patrie qu'il aimait tant. Il renâcla et aperçu une silhouette noire, féline, se glisser une centaine de mètres plus loin sur la neige. Il poussa un petit hennissement pour l'avertir de sa présence et se présenter à la jument, demeurant d'un calme absolu.

Le vent se faufilait sauvagement entre ses crins d'ébène vêtus, la laissant souffler dans un petit soupir de soulagement brumeux. Soudain, un hennissement, quoi que doux, vint percer ses tympans, ce qui lui fit ouvrir brutalement les yeux, parcourir des ses prunelles rubis les alentours sans bouger. La brise s'était arrêtée.

Elle tourna une oreille vers la source du hennissement et flaira au passage l'odeur d'un étalon. C'était probablement lui qui l'avait sortie de sa relaxation. Elle se tourna doucement et lança un regard neutre à l'autre forme noire aux finissions masculines qui l'avait interpellée à une centaine de mètres de là. Elle se retourna à moitié, répondant à son appel par un hennissement doux qui l'invitait à s'approcher.